mardi 26 octobre 2010

Quand il s'exprime...

Petit Monsieur n'exprime pas souvent ses sentiments, mais quand il le fait, c'est percutant.

Hier soir, il nous a fait une montée de lait de plus d'une heure d'où je suis ressortie en larmes et me sentant complètement inapte en tant que maman.

Il a commencé en me disant : il faut que je t'explique quelque chose.

Et s'en est suivie une longue diatribe relatant à quel point il se sentait petit et pas important dans la famille, me montrant même avec ses doigts comment il se sentait petit, me disant qu'il trouvait que je m'occupais seulement de sa soeur et que ce n'était pas juste, que je la préférais à lui, qu'il aimerait mieux être une fille et l'aîné parce que c'est ça que sa mère préfère, qu'on croit toujours ce que sa soeur dit parce qu'elle est grande, qu'on ne le croit jamais, qu'il aurait voulu être plus grand que sa soeur, qu'il pense que je ne l'aime pas autant, qu'il n'en peut plus de ne pas se sentir bien, que son coeur est brisé et que je ne sais pas à quel point il est triste, qu'il n'est rien.

Tout ça accompagné de larmes et de sanglots.

Et moi qui pensais qu'il allait bien.

Ouf.

C'est vrai que sa soeur demande beaucoup de soins et de planification et d'énergie. Lui, il a toujours été tellement facile et patient et conciliant. On a plus tendance à tenir pour acquis sa belle nature. Il fait toujours bien ça, veut nous plaire, ça se passe tout le temps bien avec lui. Mais que mon petit coeur de pomme pense que je ne l'aime pas et qu'il n'est pas important, ça, c'est dur.

Il me semble que je fais tout ce que je peux pour eux. C'est vrai que depuis quelques mois, je suis plus impliquée avec Fillette à cause de sa condition. Il a raison. Ça veut dire que je ne lui consacre pas assez de temps. Il va falloir que je trouve quelques précieux moments dans ma vie effrénée à lui consacrer.

Lui qui réussissait malgré tout à égayer l'atmosphère pendant nos semaines sombres. Mon petit rayon de soleil a les bleus.

Il ne faut jamais supposer que nos enfants sont bien. S'il ne m'avait rien dit, que serait-il arrivé? Il se serait détaché peu à peu, aurait abdiqué et laissé toute la place à sa soeur? Il m'en aurait voulu et à elle aussi? Il veut seulement qu'on sache qu'il est là et sentir qu'il a sa place.

C'était tellement triste. Mon rôle est de veiller sur mes deux enfants et de subvenir à leurs besoins autant physiques qu'émotifs. Qu'un de mes deux enfants ne sente pas aimé, c'est me dire que je ne comble pas ses besoins.

Je m'en veux tellement.

lundi 18 octobre 2010

L'Étrange M. en dévoile un peu plus

Lorsque c'est l'anniversaire d'un ou d'une collègue au bureau, il y a du gâteau et du café.

Vendredi, c'était le cas.

Comme par hasard, l'Étrange M. était debout à côté de moi pendant que I. servait le gâteau.

Je reçois mon assiette et CLAIREMENT, il s'agissait d'un gâteau mousse 3 chocolats.

L'Étrange M. regarde mon assiette et demande, d'une faible voix : C'est au chocolat?
Maman pieuvre : Ça a l'air, oui.
L'Étrange M., résignée : Ah, je peux pas.
Maman pieuvre, intriguée : Tu es allergique au chocolat ou quoi?
L'Étrange M., stressée : Je ne peux pas manger de chocolat, ça ne me fait pas du tout.
Maman pieuvre : Dommage! Tu as un genre d'intolérance?
L'Étrange M. : Je ne peux pas prendre de café et de chocolat dans le même journée, ça m'excite trop. Comme j'ai pris un café ce matin...
Maman pieuvre : Ben il est 15 h...
L'Étrange M. : Oui, mais à mon âge...
F. qui écoutait la conversation d'une oreille : À ton âge? Tu es toute jeune!
L'Étrange M., riant un peu : Toute jeune? J'ai 48 ans...
Maman pieuvre, étonnée : Ah oui!! J'en reviens pas.
L'Étrange M., intriguée : Tu me donnais quel âge?
Maman pieuvre : Ben je sais pas, début quarantaine...
L'Étrange M., flattée et un peu rouge : Ah ben tant mieux! J'ai une fille de 22 ans.
Maman pieuvre, contente de voir qu'une autre porte s'ouvre : Ah oui! Je ne savais pas. Elle habite dans la région?
L'Étrange M. : Non. À Toronto. Elle va à l'université.
Maman pieuvre : Tu la vois souvent?
L'Étrange M., un peu sèchement : Non.

C'est plus fort que moi, mais je ne peux pas IMAGINER l'Étrange M. avec un bébé. Inconcevable.

J'ai tout de même une nouvelle avenue qui m'en apprendra encore plus sur elle!

mercredi 13 octobre 2010

Experts en la matière

S'il y a une chose qui m'énerve, ce sont les gens qui croient à tort qu'ils connaissent quelque chose et qui déblatèrent de vaines inepties sur un sujet dont ils ne connaissent pratiquement rien.

Et croyez-moi, il y a beaucoup de gens comme ça.

Je suis la mieux placée pour le constater, car depuis quelques mois, j'ai noté une recrudescence d'experts en diabète.

Depuis que Fillette est diabétique, il ne passe pas une semaine sans que quelqu'un me dise quoi faire pour éradiquer cette maladie de nos vies. Comme si je n'avais pas fait le tour du sujet un million de fois et exploré toutes les avenues possibles. Surtout que les conseils sont tellement primaires et simples, c'est presque une insulte à mon intelligence.

J., chiquant sa gomme la bouche ouverte : Tu dois trouver ça dur avec ta fille vu que ton chum est parti en voyage!
Maman pieuvre : Euh, pas plus dur qu'avec mon fils...
J., chiquant de plus belle : Ben ta fille tout le temps malade!
Maman pieuvre : ???? Elle est pas tout le temps malade, je dirais même qu'à part le diabète, elle n'a jamais rien.
J. : As-tu le livre de recettes de l'Association du diabète?
Maman pieuvre : Oui.
J., en toute confidence : Mon beau-frère est diabétique et il a suivi ce livre-là à la lettre et fini!
Maman pieuvre, hésitante : Fini....
J. : Fini le diabète! Il l'a pus. Tu vas voir, pour ta fille, c'est une question de temps.
Maman pieuvre, soupirant secrètement : Ton beau-frère, il est type 2?
J. : Hein?
Maman pieuvre : Son diabète, c'est le type 2?
J. : Y'a combien de types?
Maman pieuvre : 2 justement. Le type 1 c'est la diabète juvénile, le type qu'a Fillette. Ça ne se guérit pas, ça ne s'en va pas, elle est insulo-dépendante et aura besoin d'insuline toute sa vie.
J. : Les docteurs te disent ça pour te faire peur. Je te le dis, mon beau-frère, c'est parti.
Maman pieuvre : Non, le type 1 ça ne peut pas s'en aller en suveillant son alimentation. Même que ça n'a aucun rapport avec ce qu'elle mange.
J., me regardant comme si je parlais à travers mon chapeau : Ben voyons. Elle devait manger plein de cochonneries. Mon beau-frère en tous cas, il vivait au coke et aux gâteaux.
Maman pieuvre : Non justement, Fillette a toujours très bien mangé.
J., me tapotant la cuisse en guise de réconfort : En tous cas, moi je te dis, ça s'en va, elle a juste à faire attention.
Maman pieuvre : Ok, on va essayer ça!

Je sais que ces personnes veulent me rassurer et se montrer empathiques. Je sais qu'elles veulent bien faire et m'encourager. Mais de grâce, ne m'obstinez pas trop. Questionnez-moi si vous voulez, prenez de nos nouvelles, mais ne faites pas comme si vous alliez régler tous nos problèmes d'un seul coup de baguette magique. Car croyez-moi, j'ai épuisé toutes les réserves de baguettes magiques de la terre.