J'étais complètement absorbée par mon boulot. Tout à coup, j'aperçois quelque chose du coin de l'oeil. Je lève la tête et manque de mourir. L'Étrange M. était debout à la porte de mon bureau et m'observait, des papiers à la main.
L'Étrange M., d'une voix feutrée : J'ai un document.
Maman pieuvre : Ah bon.
L'Étrange M., trébuchant un peu dans ses mots : Je dois le terminer pour 17 h. C'est urgent.
Maman pieuvre, ne sachant toujours pas si tout ce qu'elle voulait, c'était de l'empathie : Il ne te reste pas trop de temps!
L'Étrange M., regardant sa montre : 92 minutes.
Maman pieuvre : ...
L'Étrange M. : J'ai vu ton nom dans le système.
Maman pieuvre, devenant tout à coup stressée : Mon nom??
L'Étrange M., s'approchant de moi : Oui.
Maman pieuvre, se demandant ce qu'elle a fait de mal : Ah...
L'Étrange M., n'arrivant toujours pas où elle veut en venir : C'est toi qui travailles sur le document.
Maman pieuvre, se demandant si vraiment elle est complètement niaiseuse de ne pas encore comprendre ce que veut sa collègue : Je ne comprends pas...
L'Étrange M., qui doit constater que moins je comprends, moins elle a de temps pour son urgence : Ton document. J'en ai besoin.
Elle a dit ça sur un ton qui aurait pu convenir parfaitement aux Nazis quand ils demandaient leurs papiers aux Juifs qui osaient s'aventurer où il ne le fallait pas.
Maman pieuvre, avalant de travers : Lequel?
L'Étrange M. : 74588
Maman pieuvre, fouillant dans ses papiers : J'ai pas fini, je dois l'envoyer à 16 h.
L'Étrange M., qui commence presque à hyperventiler : J'en ai besoin avant...
Maman pieuvre : Je ne comprends pas. Il te faut quoi au juste? Je travaille dessus, tu en as besoin pour quelle raison?
L'Étrange M., prenant une grande inspiration et son courage à deux mains (parce qu'elle allait me dire plus qu'une seule phrase) : Mon document ressemble beaucoup à celui sur lequel tu travailles, je voulais m'en inspirer.
Maman pieuvre : Ah, ben va dans mon répertoire et prends-le même si ce n'est pas la version finale, je suis en train de le relire, il n'y aura pas trop de changements.
L'Étrange M., me regardant d'un air complètement perdu : Ton répertoire???
Maman pieuvre, qui se demande comment L'Étrange M., qui travaille ici depuis 3 ans, ne sait pas qu'elle peut aller voir les documents dans tous les répertoires : Oui, dans les répertoires X!
L'Étrange M. sort de mon bureau en reculant et en me regardant.
J'expire.
Cinq minutes plus tard, elle est de retour. Silencieusement.
L'Étrange M. : Je le trouve pas.
Maman pieuvre : Tu veux que j'aille te le montrer sur ton ordi?
L'étrange M., d'une voix presque inaudible : Je veux pas te déranger.
Heureusement...
Je me lève et me rends à son bureau pour lui montrer. Malheureusement, je n'ai pas eu le temps de remarquer ce qu'il y avait dans son bureau, ça sera pour une autre fois.
Je reviens à mon bureau et je me rassois.
Cinq autres minutes plus tard, elle réapparaît en silence. Au moins je ne sursaute plus.
L'Étrange M. : On a travaillé en équipe?
Maman pieuvre, un peu surprise : Euh, oui oui...
L'Étrange M. se retourne, satisfaite, et marche à pas feutrés jusqu'à son bureau.
mardi 24 août 2010
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5 commentaires:
Mais cela fait froid dans le dos ton histoire !
Prends bien tout en note, pour un futur roman, on ne sait jamais ...
Bon courage
Elle voulait sûrement savoir si vous aviez travaillé en équipe pour son évaluation annuelle. Peut-être que Goering lui a fortement suggéré d'améliorer ses relations inter-personnelles, alors elle voudra que tu témoignes en sa faveur. En tout cas c'est vraiment freakant, elle me fait penser à Katy Bates dans Misery....
Nancy
Plus on en "apprend" sur l'étrange M., moins on cerne cette personnalité pour le moins... insaisissable ! Hallucinante, cette histoire... et palpitante.
Cordialement vôtre
C'est sérieux???? C'est quoi l'affaire?? Comme dit Nancy, peut-être le travail d'équipe fait partie de ses objectifs.Ca n'a pas d'allure. Qu'est-ce que les autres pensent d'elle? Personne en parle? Vous n'exagérez pas un peu maman pieuvre?
J'ai eu des collègues enragés, bruyants, déprimés, incompétents, mais aussi épeurant que ça, jamais. C'est drôle quand on y pense, mais je me mets à votre place et c'est un peu horrifiant.
Je vous assure, le seul élément fictif de ce récit est le numéro du document. Je ne me souvenais plus du vrai numéro. Je dois maintenant me trouver une excuse pour observer ce qu'il y a dans son bureau et vous en faire un compte-rendu détaillé!
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