jeudi 27 février 2014

Lost in Translation


Au collège, dans le cadre de son cours d’anglais, Fillette doit lire un roman d’Agatha Christie. C’est assez ancien et en anglais british. Elle ne comprend pas toujours bien les ramifications de l’enquête. Comme le temps passait, je l’ai emmenée à la bibliothèque pour prendre la version en français. Quand elle ne comprend pas un passage en anglais, elle le lit en français. Depuis ce temps, elle est en mesure d’apprécier l’enquête et demeure sur le bout de sa chaise pendant la lecture. Elle me demande tous les jours qui est le coupable et me soumet sa théorie.

L’autre soir, elle avait une feuille avec des questions (en anglais) sur sa lecture jusqu’ici. Elle vient me voir, découragée.

Fillette : Maman, je ne sais pas quoi faire, le livre en français est différent du livre en anglais!

Maman pieuvre : Ben voyons, c’est impossible! Ces livres-là sont traduits dans des dizaines de langues, ça fait longtemps qu’ils existent en français etc.

Fillette : Je te le dis! Les deux histoires sont différentes!! En anglais, il y a un personnage qui, dans sa chambre, a un squelette! Et pas en français! J’ai relu le chapitre deux fois!!

Maman pieuvre : Ben voyons! Peut-être qu’ils ont utilisé un autre mot pour le décrire? Dépouille, ossements, je ne sais pas moi, un synonyme de squelette!

Fillette : Non, les histoires sont différentes. En anglais ils disent bien que le monsieur a un squelette dans son garde-robe et pas en français. Ça veut dire que tous les autres chapitres peuvent aussi être différents!

Maman pieuvre : C’est impossible Fillette…

Tout à coup, je comprends. Et je ris.

Fillette : Quoi?

Maman pieuvre : Euh, en anglais est-ce qu’ils disaient que le monsieur avait un skeleton in his closet?

Fillette : Oui!!!! C’est ça, un squelette dans son garde-robe!

Maman pieuvre, riant : En français on dit un squelette dans le placard.

Et je lui explique ce que veut dire que la personne a quelque chose à cacher, je lui donne l’exemple des campagnes électorales, le moment idéal pour révéler les squelettes dans le placard des adversaires.

Fillette, soulagée : Ahhhhh, je comprends! Personne ne comprenait à l’école. Toi maman, as-tu un squelette dans ton placard???

Maman pieuvre : Tu peux retourner lire, maintenant!