samedi 28 août 2010

Subterfuge

Petit Monsieur : Maman, j'aimerais TELLEMENT aller au centre sportif cet après-midi!

Ah non. Pas encore. Le nouveau centre sportif a ouvert ses portes en juin et est doté d'un bassin de plongeon olympique, 6 tremplins et 4 tours. Pour le plus grand plaisir de Petit Monsieur, plongeur en herbe, (et pour mon plus grand stress), il a le droit de faire ses cabrioles à partir de la plate-forme de 5 mètres. Un peu trop extrême.

J'analyse mentalement la liste de choses qu'il me reste à faire avant la rentrée scolaire de mardi.

Je soupire.

Maman pieuvre : On verra.
Petit Monsieur : Yessssssssssssss!
Maman pieuvre, plus fermement : J'ai dit on verra! Je n'ai pas dit oui! ON VER-RA.

Dix minutes plus tard.

Petit Monsieur : Maman, qu'est-ce que je peux faire pour toi?
Maman pieuvre, étonnée : Pardon?
Petit Monsieur : Que veux-tu que je fasse?
Maman pieuvre : Euh, remets les Playmobil en bas svp.
Petit Monsieur, avec empressement : Tout de suite!

Wow, me suis-je dit. Il veut vraiment me rendre service!

Il remonte. Je lui donne un bisou.

Petit Monsieur : Merci pour le bisou!
Maman pieuvre : !!!!!!
Petit Monsieur : Maintenant, je peux faire quoi?
Maman pieuvre, sceptique : Humm. Tu serais pas un peu téteux par hasard???
Petit Monsieur : Téteux? Ça veut dire quoi?
Maman pieuvre : C'est quand tu es extra-gentil et serviable juste pour avoir qqc que tu veux ou qui te ferait plaisir.
Petit Monsieur, sourire en coin : Nooooonnnnnnn!

(Désolée pour mes lecteurs européens, je ne sais pas ce qui est l'équivalent de téteux!! Si vous croyez le savoir, svp dites-le-moi!)

Maman pieuvre, qui va tout de même profiter de cet élan de générosité : Bon pourrais-tu descendre les 2 valises au sous-sol svp?
Petit Monsieur, d'un ton enjoué : Oui, chef!

À peine subtil.

L'Homme finissait de manger. Il se sert un verre d'eau. Petit Monsieur attend, debout à côté de lui. Aussitôt que l'Homme ouvre la porte du lave-vaisselle, Petit Monsieur prend son verre et le range dans le lave-vaisselle.

Petit Monsieur, amusé : Ah ben j'avoue, ça c'était vraiment téteux!

Je ris aux éclats.

Maman pieuvre : Je sais ce qu'on va faire, on va aller essayer TOUS tes pantalons pour l'école et ajuster la taille.

Petit Monsieur retient son souffle. Il n'avait pas particulièrement le goût de passer dans la salle d'essayage. Je monte, sans rien dire. Il me suit. Un peu moins enjoué.

Il a essayé tous ses pantalons, sans rechigner.

Où croyez-vous que nous sommes allés cet après-midi???

mardi 24 août 2010

L'Étrange M. strikes again

J'étais complètement absorbée par mon boulot. Tout à coup, j'aperçois quelque chose du coin de l'oeil. Je lève la tête et manque de mourir. L'Étrange M. était debout à la porte de mon bureau et m'observait, des papiers à la main.

L'Étrange M., d'une voix feutrée : J'ai un document.
Maman pieuvre : Ah bon.
L'Étrange M., trébuchant un peu dans ses mots : Je dois le terminer pour 17 h. C'est urgent.
Maman pieuvre, ne sachant toujours pas si tout ce qu'elle voulait, c'était de l'empathie : Il ne te reste pas trop de temps!
L'Étrange M., regardant sa montre : 92 minutes.
Maman pieuvre : ...
L'Étrange M. : J'ai vu ton nom dans le système.
Maman pieuvre, devenant tout à coup stressée : Mon nom??
L'Étrange M., s'approchant de moi : Oui.
Maman pieuvre, se demandant ce qu'elle a fait de mal : Ah...
L'Étrange M., n'arrivant toujours pas où elle veut en venir : C'est toi qui travailles sur le document.
Maman pieuvre, se demandant si vraiment elle est complètement niaiseuse de ne pas encore comprendre ce que veut sa collègue : Je ne comprends pas...
L'Étrange M., qui doit constater que moins je comprends, moins elle a de temps pour son urgence : Ton document. J'en ai besoin.

Elle a dit ça sur un ton qui aurait pu convenir parfaitement aux Nazis quand ils demandaient leurs papiers aux Juifs qui osaient s'aventurer où il ne le fallait pas.

Maman pieuvre, avalant de travers : Lequel?
L'Étrange M. : 74588
Maman pieuvre, fouillant dans ses papiers : J'ai pas fini, je dois l'envoyer à 16 h.
L'Étrange M., qui commence presque à hyperventiler : J'en ai besoin avant...
Maman pieuvre : Je ne comprends pas. Il te faut quoi au juste? Je travaille dessus, tu en as besoin pour quelle raison?
L'Étrange M., prenant une grande inspiration et son courage à deux mains (parce qu'elle allait me dire plus qu'une seule phrase) : Mon document ressemble beaucoup à celui sur lequel tu travailles, je voulais m'en inspirer.
Maman pieuvre : Ah, ben va dans mon répertoire et prends-le même si ce n'est pas la version finale, je suis en train de le relire, il n'y aura pas trop de changements.
L'Étrange M., me regardant d'un air complètement perdu : Ton répertoire???
Maman pieuvre, qui se demande comment L'Étrange M., qui travaille ici depuis 3 ans, ne sait pas qu'elle peut aller voir les documents dans tous les répertoires : Oui, dans les répertoires X!

L'Étrange M. sort de mon bureau en reculant et en me regardant.

J'expire.

Cinq minutes plus tard, elle est de retour. Silencieusement.

L'Étrange M. : Je le trouve pas.
Maman pieuvre : Tu veux que j'aille te le montrer sur ton ordi?
L'étrange M., d'une voix presque inaudible : Je veux pas te déranger.

Heureusement...

Je me lève et me rends à son bureau pour lui montrer. Malheureusement, je n'ai pas eu le temps de remarquer ce qu'il y avait dans son bureau, ça sera pour une autre fois.

Je reviens à mon bureau et je me rassois.

Cinq autres minutes plus tard, elle réapparaît en silence. Au moins je ne sursaute plus.

L'Étrange M. : On a travaillé en équipe?
Maman pieuvre, un peu surprise : Euh, oui oui...

L'Étrange M. se retourne, satisfaite, et marche à pas feutrés jusqu'à son bureau.

vendredi 20 août 2010

Petit Crapaud deviendra grand

C'est l'heure pour les enfants d'aller au lit.

Maman pieuvre à Petit Monsieur : C'est l'heure de monter, va te préparer mon petit crapaud!
Petit Monsieur : Maman, je pense que je suis tanné que tu m'appelles mon crapaud.

J'inspire avec surprise. Je retiens mon souffle.

J'observe mon fils en essayant d'être objective. Il a grandi, son visage est plus fin. Il a 8 ans maintenant. Ce n'est plus le petit garçon qui passait des heures à jouer aux autos sur ma console dans l'entrée, qui mettait toutes mes choses par terre pour que la console soit entièrement vide pour ses voitures. Sans que je m'en rende compte, le petit garçon qui se balançait tout seul en chantant préfère maintenant pratiquer ses slam dunks. Sans que je m'en rende compte, Annie Brocoli et Henri Dès ont été remplacés par Rihanna et les Black Eyed Peas. Mais quand même, il est encore mon crapaud!

Maman pieuvre, cachant sa tristesse : D'accord. Je vais essayer.
Petit Monsieur, sûr de lui : C'est mieux comme ça.
Maman pieuvre, hésitante : Mais est-ce que je peux encore t'appeler mon poussin?
Petit Monsieur, réfléchissant : Oui.
Maman pieuvre, encouragée : Et mon p'tit coeur de pomme?
Petit Monsieur : Oui.

Fiou! J'ai eu peur.

mardi 17 août 2010

Grâce à Fillette

Dans mon bureau, j'ai affiché une aquarelle faite par Fillette. Il s'agit d'un personnage inspiré des oeuvres de Modigliani. Elle a décidé de peindre tout le fond rayé à la verticale et a choisi de faire un garçon au long visage. Le résultat est très beau (pas selon Fillette, mais bon).

L'Étrange M. passe en silence devant mon bureau et s'arrête. Elle observe l'aquarelle en silence. Elle me regarde.

L'Étrange M : C'est beau.
Maman pieuvre, tout énervée de voir que c'est elle qui fait les premiers pas : C'est une aquarelle de ma fille.
L'Étrange M. : J'aime le fond rayé.
Maman pieuvre : Elle s'est inspirée de Modigliani.
L'Étrange M. : Ah.
Maman pieuvre : ...

L'Étrange M. fait un pas pour retourner vers son bureau.

Maman pieuvre, s'empressant de lui parler pour la retenir un peu : Euh, tu ne descends plus pour dîner?
L'Étrange M. : J'aime être dans mon coin.
Maman pieuvre : Tu as trop de boulot? Tu prends de l'avance le midi?
L'Étrange M., marmonnant : Il faut que je me donne des coups de pied.
Maman pieuvre, tendant l'oreille : Quoi?

L'Étrange M. me regarde, elle mime un coup de pied (c'est comme ça que j'ai compris ce qu'elle avait dit en marmonnant) et s'en va d'un pas assuré, me laissant plantée là, la bouche entrouverte.

La glace est cassée (je crois!!!!), je ne me gênerai plus pour lui parler. Je devrais en savoir plus bientôt!

mardi 10 août 2010

Spleen

Je m'ennuie. Je suis au boulot et je sais que les enfant profitent de la piscine. Je suis moyennement occupée donc j'ai le temps de m'ennuyer. Ça me fait du bien de travailler à l'extérieur de chez moi, mais j'ai l'impression de manquer plein d'événements. C'est parce qu'ils ne sont pas à l'école, probablement.

Quand l'école recommencera, personne ne pourra créer d'événements que je vais rater. Je suis déçue de ne pas être là avec eux. Pour eux. Est-ce ça une superwoman? De vouloir être partout en même temps? Je ne l'ai jamais été. Je ne souhaite pas non plus la vie de fous qui est celle de plusieurs. Mais ils me manquent. Eux. Pas les tâches, la vaisselle, les courses, etc. Juste ces deux petites personnes qui profitent de leur été.

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Pour en revenir à la Gestapo, Goering est fidèle à elle-même. Je finis mes journées à 16 h. Vendredi, elle débarque tout bonnement dans mon bureau à 15 h 59 (je vous le jure), armée d'une assiette de petits biscuits chocolatés « une petite douceur, juste avant que tu partes ».

Ouais. Vous voulez plutôt voir si je reste bel et bien jusqu'à 16 h!! Je ne suis pas dupe... surtout que hier elle est passée devant mon bureau et y a jeté un coup d'oeil à exactement 15h 57. Quel hasard.

Au lieu de venir voir si je suis bien assise sur mon steak 37,5 heures par semaine, donnez-moi plus de boulot!

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Pour ce qui est de l'Étrange M., le mystère s'épaissit.

Il y a quelques jours, elle entre dans la salle de bains derrière moi. Elle tente de se faufiler sans que je la voie. Je me lavais les mains. Je me retourne brusquement, et lui lâche un tonitruant « bonjour! »

Elle se retourne lentement, enjoint son cerveau de faire sourire sa bouche, et elle me fait un laaaaaaarge sourire tellement artificiel, que j'ai reculé d'un pas, regrettant de l'avoir acculée au pied du mur.

Je l'ai revue un peu plus tard, arpentant les couloirs avec une petite boîte de sardines ouverte.

Trop gênée? Antisociale? Névrosée? Psychopathe? SPM???

Faites vos mises, les paris sont ouverts.

mercredi 4 août 2010

L'étrange M.

C’est une collègue assez grande, assez mince, assez quelconque.

Nul ne sait vraiment son âge. Son visage pâle et sans maquillage paraît jeune derrière ses lunettes noires, mais ses cheveux courts, à la garçonne, sont striés de gris.

Elle porte toujours les deux mêmes ensembles. Un noir et taupe, l’autre, noir et jaune pâle. Toujours propres et bien repassés.

Parfois, pendant le dîner, pas un mot ne traverse ses lèvres. Elle écoute. Elle observe. C’est tout.

Elle marche sans faire de bruit, le dos un peu recourbé. Sa longue jupe noire traîne presque par terre. Souvent, si je sens des yeux sur moi, je me retourne et c’est elle. Elle s’est approchée en silence. Avant, je sursautais. Maintenant, je souris.

Elle passe devant mon bureau tellement silencieusement que c’est comme si elle ne touchait pas le sol. Comme un personnage dans Harry Potter.

Je m’amuse à imaginer comment elle est dans sa vie privée. Vit-elle seule ? Entourée de chats ? Dans le silence complet ? Ou encore se défoule-t-elle de sa journée de sœur cloîtrée en mettant du AC/DC à tue-tête une fois arrivée à la maison ?

Et si elle avait deux personnalités, une morne pour le boulot et une pétillante pour le reste du temps ? Une sorte de double vie ?

Hmm, elle titille ma curiosité. Une chose est sûre, je vais mettre un homme là-dessus !