vendredi 31 décembre 2010

Le Boycott

Nous partons en voyage bientôt. Comme je suis très prévoyante, je débarque chez le nettoyeur avec les complets de l'Homme pour qu'il ait des vêtements à porter à son retour du Mexique. Le nettoyeur ferme à 16 h.

Une femme en sort à 15 h 59 avec ses vêtements pressés sous le bras. J'entre en même temps qu'elle sort.

Une jeune préposée blasée aux cheveux gras me lance un regard noir.

Préposée blasée : On est fermés.
Maman pieuvre : Il est moins une!
Préposée blasée : Ma caisse est fermée.
Maman pieuvre : Je viens juste déposer des vêtements, je ne viens rien chercher.
Préposée blasée, s'impatientant : Je peux pas laisser vos vêtements comme ça partout sur le comptoir!!!
Maman pieuvre, tenant son bout : Ben tu les prends et tu les mets dans un panier, comme d'habitude...
Préposée blasée : Il est 16 h, je dois fermer ma caisse.
Maman pieuvre, puissante détective : Ah! Donc ta caisse n'est pas encore fermée!
Préposée blasée, bredouillant : Euh, on est fermés madame. Revenez une autre fois.
Maman pieuvre : Allez, je suis entrée et la porte était débarrée, une cliente sortait, il restait un peu de temps! C'est pas comme si j'avais cogné dans la vitre d'une porte barrée pour que tu me laises entrer!

La préposée blasée se croise les bras.

Furieuse, je prends mon tas de vêtements et je dis :

- Bon, je vais aller ailleurs.

Aie. Cette fille court à sa perte.

Premièrement, c'est un nouveau commerce. Quelle belle façon d'attirer les clients!

Deuxièmement, quand je travaillais des des commerces, moi, combien de fois ai-je fermé un peu plus tard pour des petites dames qui hésitaient entre deux modèles de pantalons?

Ça s'appelle du service à la clientèle!!!

Et dans ce cas-ci, l'heure de la fermeture n'était pas passée!!

Le client n'a-t-il plus jamais raison???

Je suis allée porter les vêtements à 5 minutes de là (en plus, ils ont de la concurrence très très près).

Le lendemain, je reviens chez moi et j'avais un message sur mon répondeur. Une voix de femme un peu âgée, un peu faible et chevrottante.

- Oui, euh, c'est le nettoyeur, je crois que c'est vous qui êtes venue porter des vêtements à 4 h piles et on les a refusés, je suis vraiment désolée, pouvez-vous me rappeler svp?

Je ne sais pas comment la gérante ou la propriétaire a eu vent de l'incident, ce n'est certainement pas la préposée blasée qui s'en est vantée!!

Je n'ai pas rappelé. Ça ne me tentait pas qu'elle essaie d'arranger la situation et que je sois obligée d'aller porter mes vêtements là et d'affronter l'air bête de la préposée blasée qui a dû avoir des remontrances à cause de moi.

Tant pis.

Il y en a un autre à deux coins de rue.

Et je ferai le petit détour. Parole de cliente insatisfaite!

mardi 28 décembre 2010

15 bipèdes et 2 quadrupèdes plus tard...

C'est fini. On a survécu. Et en plus, ça s'est très bien passé. Il me semble, du moins.

Même si le très gros chien était pas mal proche de la table des hors d'oeuvre;

Même si le très petit chien a fait pipi dans mon salon;

Même si le chaudron de légumes a débordé sur la cuisinière;

Même si la dinde a cuit trop vite;

Même si je n'avais presque plus de voix;

Même si personne n'a vraiment dormi de la nuit;

Le repas était très bon.

On n'a pas manqué de bouffe.

Les enfants sont allés glisser quand il faisait noir.

Ceux qui ont fait la route ont eu du beau temps.

Fillette a eu le cadeau qu'elle désirait depuis 2 ans.

Tout le monde était en forme et de bonne humeur.

J'ai revu deux personnes que je n'avais pas vues depuis plus de 5 ans.

Les invités sont partis contents (et repus!!)

La deuxième ronde de cadeaux se fera avec la belle-famille en fin de semaine. Mais cette fois-ci, ON fait la route et on ne fait PAS de bouffe.

Bonne Année à tous et soyez prudents sur les routes!

jeudi 23 décembre 2010

Meilleurs voeux

Chers amis virtuels, je compte les heures aujourd'hui. Demain, j'ai congé. Je serai occupée à farcir la dinde, faire mes desserts, faire du ménage, car le 25, je reçois 15 personnes chez nous. Qui vont toutes dormir chez nous. Qui vont manger chez nous. Et bruncher chez nous. Tout ça demande pas mal d'organisation. Disons que j'aimerais mieux être chez moi à préparer mes gâteaux que de niaiser à la Gestapo.

En plus, il y a un potentiel de 5 chiens qui pourraient arriver avec les visiteurs. Quatre gros chiens, et un petit chien. Et l'Homme qui est allergique. Ça sera un vrai zoo. Je n'ai pas encore de confirmation à savoir quel chien sera de la partie.

Les enfants étaient tellement énervés quand je leur ai dit que tous les jeunes camperaient dans le sous-sol pour laisser leurs chambres aux adultes. Un vrai party de Noël dont ils se souviendront sûrement longtemps.

Je compte les heures, mais je compte aussi les jours jusqu'à notre départ au Mexique au début du mois de janvier. Nous sommes tous les 4 très fatigués, disons que l'année n'a pas été trop facile pour Fillette et ses parents et que Petit Monsieur a eu un automne très éprouvant. Ça nous fera un grand bien à tous.

Et une pause de la Gestapo. Quand je reviendrai du Mexique, la moitié de mon contrat sera écoulée.

Je voulais en profiter pour vous remercier tous de me lire, de me laisser des commentaires, de venir visiter ma page. C'est toujours un plaisir pour moi de savoir que ce que je vis en intéresse d'autres. Je suis toujours surprise quand j'ai des commentaires de gens qui me sont totalement inconnus. Ça fait chaud au coeur.

Merci.

Passez de Joyeuses Fêtes en famille. Reposez-vous, de grâce, même si je sais très bien que ce temps de l'année n'est jamais de tout repos! Que la nouvelle année soit douce et heureuse pour vous tous. Je vais faire de mon mieux pour égayer vos matins avec mes textes en 2011!!

À bientôt,

Maman pieuvre

mardi 21 décembre 2010

Un autre personnage entre en scène

Vous allez penser que j'invente, que je vous tire la pipe, que ça ne se peut pas autant de gens étranges dans un même lieu de travail. Mais oui, ça se peut.

Il y a une dame dans mon service, elle doit être dans la cinquantaine. Elle est très en retard au niveau technologique. Chaque fois qu'il y a des changements au niveau du système, elle en fait tout un plat. Ce qu'on apprend en quelques heures lui prend 3 semaines à maîtriser. Et cette maîtrise ne se fait pas sans heurts. Ce que les autres m'ont dit d'elle, c'est qu'elle a déjà souffert d'épuisement professionnel et qu'elle est incapable de gérer le stress et la pression. Disons qu'elle a le bouton de panique à fleur de peau.

Je vais la surnommer Dame Panique.

En plus de leur objectif à rencontrer, les employés de mon service doivent épurer un certain nombre de fiches par année pour alléger le système. Cette tâche ne me concerne en rien, vu que je ne suis pas employée ici (pour une fois, c'est tout à mon avantage). Ces fiches doivent être épurées avant la fin de l'année. Il ne reste donc que quelques jours.

Hier, Dame Panique était de toute évidence dans un mode épuration. Elle n'est pas très discrète, donc chaque fois qu'elle faisait une requête et qu'un message apparaissait à son écran, on pouvait l'entendre se plaindre qu'elle n'y comprenait rien, qu'elle n'en pouvait plus, elle parlait litéralement à son ordinateur.

Je l'entends se lever et aller poser des questions à mon voisin, qui est le créateur du système de fiches. Il a souvent affaire à elle vu qu'elle n'est aucunement outillée en informatique. Il répond à ses questions. Elle le remercie, et retourne à son bureau.

Je l'entends suivre toutes les étapes à voix haute, se fâcher, appuyer très fort sur son clavier. Tout à coup, elle lâche un cri!!!

Notre boulot en est un très cérébral et très solitaire et souvent, on peut entendre une mouche voler. Donc quand on a entendu ce cri, plusieurs d'entre nous avons presque fait une crise cardiaque.

Dame Panique sort de son bureau en courant :

- Ma fiche s'est effacée!! Ma fiche s'est effacée!!

Elle retourne voir mon voisin pour l'abîmer de bêtises, se plaignant qu'elle venait de passer 20 minutes à faire une fiche pour la voir se détruire sous ses yeux.

Mon voisin lui explique calmement (encore une fois!!) la marche à suivre.

Elle retourne s'asseoir.

Quinze minutes plus tard, je l'entends répéter :

- Ma fiche!! Ma fiche!!! Pourquoi elle se détruit encore!!! J'en peux plus, j'en ai assez!!

Et elle est debout dans le couloir en train de brailler. Pour vrai. Elle pleure de rage et de désespoir parce que sa fiche est détruite.

Dame Panique, sanglotant : J'en ai assez!!!! Je vais commencer mes vacances immédiatement!! Tout ce que je fais ça se détruit, pourquoi ça ne fonctionne pas??

Et elle braillait devant tout le monde.

N'oublions pas qu'il s'agit d'une femme assez mûre.

C'était beau de voir ça.

Finalement, deux personnes sont allées la voir pour la calmer, quelqu'un d'autre a dit qu'elle aussi avait un problème avec le système. Ils ont appelé quelqu'un du soutien technique en renfort.

Aujourd'hui, Dame Panique arrive au bureau, comme si rien de tout ça n'avait eu lieu la veille. Elle fait toujours ça, semble-t-il. Elle fait une crise de nerfs, et le lendemain, tout est beau.

Comme le calme après la tempête. Jusqu'à la prochaine tempête.

jeudi 16 décembre 2010

Le dîner de Noël (ou le dîner de cons???)

Enfin, il a eu lieu. Le dîner de Noël de notre service. Dans un resto portugais.

Il faisait tempête cette journée-là. Je suis embarquée avec deux collègues pour aller au resto. Comme le stationnement du resto était fait pour au plus 5 voitures, quand on est arrivés, on a dû arpenter les petites rues pour se stationner. Quelques bancs de neige enjambés plus tard, on arrive au resto.

On nous dirige vers le deuxième étage. Il y a deux grandes tables de 16 personnes pour notre service. Quand je suis arrivée, la première table était complète. Je m'assieds donc, avec mes deux covoitureurs, à une extrémité de la deuxième table, tout en zieutant si l'Étrange M. est assise à la première table. Non. Elle n'est pas encore arrivée. Devant moi, il y a G., une collègue copine. À côté de moi, V., un collègue sympathique. Mais voilà qu'en diagonale avec moi, vient s'asseoir C.

Depuis que je suis au bureau, tout ce que je sais d'elle c'est son nom. Elle travaille de la maison 4 jours sur 5, et le jour où elle est au bureau, elle ne parle à personne, mange seule à son bureau, et disparaît à la fin de la journée. Ce n'est pas du tout comme l'Étrange M. qui est affligée d'une gêne maladive. Dans le cas de C., c'est plutôt que personne n'est assez bon ou intéressant pour qu'elle daigne interagir avec eux. Ce que les autres m'ont dit d'elle, c'est qu'elle se pensait supérieure à tout le monde. Je vais donc la surnommer Cléopâtre.

J'étais un peu découragée, car je ne la connais pas du tout. Je me disais ouache, ça va être gai comme ambiance!! Bon. Comme je ne suis pas du tout gênée, je me dis que je vais lui parler et tant pis pour elle si je ne suis pas assez digne.

La table se remplit peu à peu. Malheureusement, l'Étrange M. arrive en dernier (quelle surprise). Elle s'assoit donc à l'autre bout de la table. Mais n'ayez crainte, vous ne serez pas en reste.

En passant, on gelait dans le restaurant. Ça commençait très mal.

Je discutais tranquillement avec B. et avec G. Tout à coup j'attrape des bribes d'une conversation entre Cléopâtre et sa voisine d'en face. Elles avaient l'air de parler d'une croisière ou d'un voyage ou de quelque chose comme ça. Je me dis que c'est l'occasion parfaite d'adresser la parole à la souveraine.

Maman pieuvre : Tu es allée en voyage?
Cléopâtre, me jetant un regard cinglant : Oui.
Maman pieuvre, aucunement effarouchée : Où ça?
Cléôpatre, trouvant que j'ai pas mal de culot de lui adresser deux phrases consécutives : On a fait une croisière à partir de Porto Rico et on a visité 5 îles.

Elle se retourne, son langage corporel me signifiant qu'elle m'avait assez parlé.

Je n'abandonne pas. Que voulez-vous, j'aime les voyages!! Et les défis!!!

Maman pieuvre : Quelles îles?
Cléopâtre se retourne lentement et dit d'une voix posée : Aruba. Curaçao. Saint-Martin. Grenade. Sainte-Lucie.
Maman pieuvre, ne lâchant pas sa proie : Wow. Quelle a été ton île préférée?

Devant moi, G. écarquillait les yeux en voulant dire : laisse faire, elle est super bête, elle veut rien savoir.

Cléopâtre, intriguée : Tu es déjà allée?
Maman pieuvre : Non, mais j'ai fait beaucoup de recherches parce que je voulais aller à Sainte-Lucie en mars, mais finalement on va à Antigua.
G., complètement perdue : C'est pas à Riviera Maya que tu vas?
Maman pieuvre : Bon en janvier, on va à Riviera Maya avec les enfants, mais en mars je pars seule avec l'Homme à Antigua pour ses 40 ans.
G., super frustrée : Tu vas deux fois dans le Sud cet hiver!!! Va chier!
Maman pieuvre, riant : Ben c'est ça quand on est globe-trotter.

Et je pense que c'est cette phrase, que j'avais dite à la blague, qui a fait que Cléopâtre a daigné converser avec moi pendant presque tout le repas. On a parlé de voyages, d'îles, de vacances. J'en connaissais pas mal grâce à toutes mes recherches, et elle avait l'air un peu impressionnée. Tout allait comme sur des roulettes jusqu'au moment où j'ai dit quelque chose d'un peu grivois qui l'a fait fait tellement rire (tout un exploit) qu'elle s'est étouffée avec sa paella. Et pas à peu près. On la regardait, elle avait sa serviette de table sur sa bouche, avait peine à reprendre son souffle. Trois d'entre nous étions prêts à lui faire le Heimlick. Quel revirement de situation.

Quand elle a réussi à reprendre son souffle, elle a dit c'était un grain de riz de ma paella qui s'est inflitré dans mes voies respiratoires.

Ouf. Disons qu'il y a eu une petite pause dans les festivités. Je me sentais un peu coupable.

À la fin du repas, je mets mon manteau et mon chapeau. J'aime les chapeaux.

Je sors en même temps que l'Étrange M. J'enjambe le banc de neige, et j'étais dans la rue à regarder des deux côtés. Il y avait plusieurs voitures et c'était très glissant. J'essayais de trouver un moment pour traverser la rue. Je pense l'avoir trouvé, j'avance, je recule, je ne sais plus, je me décide et je cours. Sauf que l'Étrange M. m'a suivie et s'est décidée 10 secondes après moi, donc elle s'est fait klaxonner.

Elle arrive près de moi.

Maman pieuvre : Ouf. C'était peut-être pas une bonne idée de traverser comme ça.
L'Étrange M. : Et moi je t'ai suivie!
Maman pieuvre, riant : Je ne suis pas une bonne influence!

Et là, tenez-vous bien.

L'Étrange M. : Non, pas du tout!

Et d'un petit rire aigu et saccadé (je ne l'avais jamais entendue rire) : Je blague, hihihi!

J'étais tellement étonnée qu'elle ait fait preuve d'un peu d'humour, je lui ai presque demandé combien de verres de vin elle avait consommés au dîner.

Comme elle est probablement incapable d'être relaxe à côté de quelqu'un et qu'elle doit se sentir obligée de me parler, elle me lance : Il est beau ton chapeau!
Maman pieuvre : Merci!
L'Étrange M. : Tu l'as pris où?
Maman pieuvre, étonnée : Euh, ça fait 2 ans que je l'ai, je ne sais plus trop.
L'Étrange M., : Il est en laine?
Maman pieuvre : ...

Maman pieuvre : Je ne sais pas trop.

Et j'enlève mon chapeau, et je lis l'étiquette tout en me disant franchement, je suis au milieu de la rue, il neige, je veux seulement m'en aller et je lis la composition du matériau de mon chapeau pour le bénéfice de l'Étrange M.

Elle se penche vers moi pour lire mon étiquette.

L'Étrange M., après avoir lu l'étiquette : Ah.

Comme si ça changeait quelque chose à sa vie.

Maman pieuvre, contente de voir qu'elle avait une occasion de discuter avec l'étrange personnage : J'aime beaucoup les chapeaux, mais j'ai TELLEMENT de cheveux, que pour 20 chapeaux que j'essaie, il y en a un seul qui me fait.
L'Étrange M., déclarant une phrase qui restera probablement dans les annales : C'est mieux avoir trop de cheveux que pas assez de cheveux.

Je me retourne et la regarde, ne sachant pas trop si elle est sérieuse, si elle a dit ça parce qu'elle est mal à l'aise et qu'elle ne sait pas quoi dire, si elle parle d'elle-même (elle a les cheveux très courts et très fins). Donc je rétorque : surtout si on est un homme!

Elle sourit.

Et c'est là-dessus qu'on s'est quittées. On dirait que le lien se tisse de plus en plus, qu'elle me fait confiance et qu'elle me laissera l'approcher. Comme une biche effarouchée, la prochaine fois, elle mangera dans ma main. Elle est devenue mon projet personnel. Toute une aventure!

vendredi 10 décembre 2010

Sentiment d'appartenance

Comme je vous l'ai déjà expliqué, je ne suis pas employée de la Gestapo. Je suis consultante. Ce statut ne m'offre donc pas tous les avantages qu'ont les employés permanents, comme vous avez pu le lire ici. Et disons que Goering prend plaisir à m'énumérer toutes les choses auxquelles je n'ai pas droit. Le jour de mon embauche, elle m'a d'ailleurs avisée que je n'aurais pas le droit d'aller au BBQ de la Société qui aurait lieu 11 mois plus tard.

Donc je reçois le courriel du dîner de Noël, et je me demande sérieusement si j'ai le droit d'y aller. Ai-je le droit de m'absenter du bureau? Devrai-je reprendre mes heures pendant le congé des Fêtes (que je prends à mes frais, soit dit en passant)?

Comme je devais confirmer le tout par courriel au comité organisateur, je décide d'aller voir Goering dans son bunker pour lui demander en personne.

Goering : Oui?
Maman pieuvre : Je me demandais, pour le dîner de Noël, ai-je le droit d'y aller?
Goering : Oui, tu peux y aller si tu veux, mais pour ce qui est des frais, ce sera différent.
Maman pieuvre : Dans quel sens?
Goering : Tu devras payer ton repas toi-même, ce n'est pas la Société qui paiera pour toi.
Maman pieuvre : Ah bon. Et j'ai droit à combien de temps?
Goering, se lançant dans une explication effrénée : Bon, d'habitude, les AUTRES (lire les heureux élus) ne reviennent pas au bureau après le dîner. Si tu as des documents à remettre cet après-midi-là, tu dois revenir au bureau.
Maman pieuvre, tentant d'alléger l'atmosphère : Ah bon, donc je pourrai pas me soûler...
Goering : ...
Maman pieuvre, se râclant la gorge : Mais ça dure combien de temps le dîner?
Goering : Ben c'est assez long, l'équipe de Montréal sera là, etc. Écoute, je vais m'informer et te revenir là-dessus pour savoir ce que tu dois mettre dans ta feuille de temps.
Maman pieuvre : D'accord, merci.

Le lendemain :

Goering : Bonjour Maman pieuvre.
Maman pieuvre : Bonjour Goering.
Goering : J'ai analysé la situation (!!!!!!) pour le dîner de Noël.
Maman pieuvre : Ah oui?
Goering : Tu fais partie de l'équipe (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!), tu ne seras pas tenue de revenir travailler après le dîner.
Maman pieuvre, estomaquée : C'est bien, merci.

J'aurais quand même aimé l'enregistrer. Selon son humeur, parfois je fais partie de l'équipe, d'autres fois non....

Donc mardi prochain, je rentre au bureau le matin, je quitte pour le dîner de Noël dans un resto portugais (ça risque d'être intéressant) et après le lunch, je me pousse. Youppi!

Reste à m'organiser pour ne pas être trop loin de l'Étrange M., tout à coup je suis capable de la faire boire un peu!!

mercredi 8 décembre 2010

Intermède Étrange M.

Ce matin, un déjeuner de Noël nous était servi. Les directeurs nous concoctaient des crêpes. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque l'Étrange M. vint s'asseoir près de moi.

J'avais décidé d'investiguer toute la question de sa fille.

Aussitôt assise, je me retourne vers elle :

Maman pieuvre : Ça va bien?
L'Étrange M. : Oui et toi?
Maman pieuvre : Bien, merci. Alors ta fille à Toronto, qu'est-ce qu'elle étudie?
L'Étrange M. : La musique.
Maman pieuvre, surprise : Ah oui! Un instrument en particulier, ou bien surtout la composition?
L'Étrange M. : La trompette et la guitare.
Maman pieuvre : Elle est en quelle année?
L'Étrange M. : En 4e.
Maman pieuvre, poursuivant l'interrogatoire : Elle revient ici à Noël?
L'Étrange M. : Un ou deux jours seulement. On ne se voit pas beaucoup. Elle est très indépendante.

C'est alors que ma voisine de gauche commence à me raconter qelque chose qui ne m'intéressait TELLEMENT pas, mais par politesse, je m'efforçais de me concentrer sur son discours futile. Par conséquent, j'ai donc raté le début de la conversation entre l'Étrange M. et une autre collègue de la table. Voici ce que j'en ai retenu :

G. : Il faut te donner un coup de pied!
L'Étrange M. : Oui, en effet.
G. : Comment on peut faire pour te convaincre?
L'Étrange M. : Je suis sensible aux expressions du visage, quelqu'un qui fronce les sourcils, je n'aime pas ça du tout. Ça me fait peur.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Coudonc, elle a quoi, 4 ans et demi???

L'Étrange M. : Vous avez seulement à sourire!

Ben oui, on va se promener en permanence avec un sourire niais et glacé étampé dans la face pour pas que tu aies peur.

Si elle vient au dîner de Noël de notre service la semaine prochaine, je vais essayer d'en savoir plus, foi d'Hercule Poirot!

lundi 6 décembre 2010

La performance

Petit Monsieur a 8 ans et demi et a remporté samedi sa 4e médaille d'or en plongeon. Ça fait 2 ans qu'il plonge et il a 5 médailles. En 5 compétitions.

Maintenant, je me questionne sérieusement.

Au niveau technique, de tout évidence, tout va très bien.

Au niveau mental, c'est une autre paire de manches.

Il se met beaucoup de pression, il est très stressé avant les compétitions, il a peur de ne pas réussir (peur complètement ridicule, si on en juge par ses prouesses).

Je dédramatise, je l'encourage, je lui dis qu'on s'en fout de ses notes et de son rang, que c'est qqc qu'il aime beaucoup, que je veux simplement qu'il ait du plaisir etc. Cause toujours, la mère.

Il a décidé qu'il devait performer. Et il performe.

Après la compétition de samedi, une fois l'adrénaline tombée, il était complètement épuisé. Il est revenu à la maison, s'est assis et a lu un livre au complet sans bouger et sans dire un mot. Il m'a dit je suis tellement fatigué, demain je ne veux RIEN faire.

Je me demande sérieusement si c'est sain qu'un enfant de 8 ans vive ce stress. D'un côté, s'il apprend à le gérer (et ce n'est pas gagné!!), il gardera cette force toute sa vie. De l'autre, il me semble que ça ne presse pas de savoir ça à son âge.

En plus, on ne le pousse pas plus qu'il ne le faut, il s'impose lui-même ses critères. Même son entraîneure m'a dit qu'elle trouvait qu'il se mettait trop de pression. La ligne entre faire un sport et en retirer du plaisir et être très stressé par l'exécution dudit sport est très mince. J'ai peur qu'il n'ait plus de plaisir.

C'est tellement beau de le voir plonger.

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Dans un autre ordre d'idées, hier j'allais justement avec lui voir une pièce de théâtre pour enfants. Il a été assez déçu du caractère philosophique du contenu. Il n'y avait qu'un seul personnage, et pendant une heure, elle s'est questionnée sur le sens de la vie.

En revenant, dans l'auto, j'explique un peu à Petit Monsieur ce qu'est la philosophie.

Maman pieuvre : Comme par exemple, dans la pièce, la fille se demandait s'il y avait de la vie après la mort.
Petit Monsieur : Ben, c'est sûr!
Maman pieuvre : C'est pas tout le monde qui croit ça!
Petit Monsieur : Ben, Grand-Papa, il est mort, et moi je vis encore!!!

Silence.

J'éclate de rire.

Comme quoi la vie après la mort, c'est assez simple après tout!